La rédaction Jérôme Delclos
Articles
Le gotha du paveton
Emil Szittya (1886-1964) dresse le tableau étourdissant de la faune « bohème » des années 1900-1920. Cultissime.
Peintre d’origine hongroise et critique d’art, découvreur de Chagall, ami de Cendrars avec qui il fonde la revue franco-allemande Les Hommes nouveaux et dont il éditera les premiers poèmes, Emil Szittya, « le vagabond de l’avant-garde », a 37 ans quand il écrit Das Kuriositäten-Kabinett. Les curiosités, il les a consignées dans son journal durant les deux premières décennies du XXe siècle : les spécimens d’humanité côtoyés au cours de ses incessants déplacements. Le livre s’orne d’un sous-titre explicite : « Rencontres avec de drôles de phénomènes, des vagabonds, des criminels, des...
Dans le miroir de courtoisie
Par le détour d’un hommage aux lieux habités, aux livres aimés, aux amis disparus, le philosophe Giorgio Agamben compose son propre portrait en creux.
On connaît ce discret équipement des habitacles automobiles : installé « à la place du mort », qui abaisse le pare-soleil y trouvera le miroir dit « de courtoisie ». On y vérifie sa coiffure, son maquillage ou son nœud de cravate, et l’on y regarde sans se retourner la personne, sur la banquette arrière, avec qui l’on converse. Mais elle aussi nous regarde, lit la partie supérieure de notre...
Le Tram de Noël de Giosuè Calaciura
Tout comme Idiotie permit la découverte de Pierre Guyotat par le grand public, Borgo Vecchio a rendu le même ironique service à l’auteur de Malacarne et de Passes noires, premiers romans violents, transgressifs, et qui bousculaient la langue. Illustré par le peintre Gérard DuBois et placé sous l’autorité de Dickens, un conte de Noël lisible par tous confirme cette tendance de l’écrivain...
Kurtz de Jean-Marc Aubert
Ça n’est pas l’ombre de Moi et Lui de Moravia, où le narrateur bavarde avec son zizi durant 500 pages, qui plane sur ce court et très tendu roman de Jean-Marc Aubert, mais celle d’Au cœur des ténèbres de Conrad. Le nom de Kurtz, en effet, y devient celui que donne à son membre le très patient héros de l’histoire, ce pour conquérir le cœur et surtout le cul de Laure, fan de Conrad qu’elle...
Métaphysique et comédie du rien
Sous des allures de polar loufoque, un subtil roman philosophique dans un décor à la Dhôtel.
Leibniz, à la question « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? », répondait Nihil est sine ratione, « Rien n’est sans raison ». Ainsi le « principe de raison suffisante » suffit-il à ne pas désespérer devant l’absurdité et l’injustice du monde. Julius Dump, « écrivain calamiteux », vient à Puttigny dans l’idée d’« écrire une bonne histoire ». Rien de tel que la campagne. Las :...