La rédaction Emmanuel Laugier
Articles
Un livre
Allez le dire à l’empereur
de
Pierluigi Cappello
Un couteau dans la vallée
Avec Allez le dire à l’empereur, Pierluigi Cappello (1967-2017) nous donne à entendre l’usure et l’endurance d’un siècle fissuré par les blessures.
Pierluigi Cappello a 16 ans lorsqu’il accompagne un ami sur sa moto, comme tout adolescent gagne un peu de liberté grâce à ces machines dans ces vallées peu desservies du Frioul (ici celle de la province d’Udine). Pour quelques minutes, sa vie basculant sur cette route qui se coupe d’un coup comme un couteau pour eux deux. Son ami en meurt, lui se retrouve paraplégique. La lecture est vite pour lui un véritable tourbillon par quoi la sensibilité se densifie : à 12 ans La Chanson de Roland lui révèle sa précoce vocation de « sognatore » (rêveur) ; plus tard, à la fourche de deux branches...
Des livres
Kub Or
de
Pierre Alferi
Fmn
de
Pierre Alferi
Les cubes d’Alféri
A32 ans, Pierre Alféri laisse déjà derrière lui deux essais, un livret pour pièce vocale, deux recueils de poésie chez P. O. L, des travaux de traducteur. A cela, il faut désormais ajouter un troisième livre de poèmes -Kub Or- ainsi qu’un premier roman, Fmn. De Fmn, à placer sous le signe du féminin, on ne peut séparer tout le travail précédent et notamment celui des livres de poésie. En...
Un livre
Tout n’est pas dit
de
Philippe Jaccottet
Billets de campagne
Ecrire des livres, pour Philippe Jaccottet, n’apporte rien d’un savoir, mais allège le regard des lourdeurs qu’il traîne. Itinéraire d’une fermeté.
Tourner le dos à la neige, encore une fois (pas seulement à la neige), se hisser dans le froid comme des skieurs pour le plaisir de la descente, vers ce pays qui reste, à travers le pire que l’histoire lui impose, lui inflige, celui du bonheur, celui qui aide à en retrouver les bribes ; et déjà, poussée cette fenêtre froide du col, c’est vrai qu’il fait plus clair, que la lumière...
Des livres
Le Monde le monde
de
Bernard Vargaftig
Distance nue
de
Bernard Vargaftig
L’excès musical de la vitesse
Le Monde le monde et Distance nue sont encore habités par le mouvement tendu et imprévisible de ce qui va vite, passe toujours trop vite devant le regard. Ne reste, dès lors, dans le poème que quelques événements, comme la robe d’une femme qui se froisse dans le vent, le ravin et son ombre immense. Quelques événements récurrents, simples - des lieux, des choses, l’être aimé - qui témoignent...
Un auteur
Bernard Vargaftig, hachures et suites sonores
Aragon disait de lui : « Moi, j’aime ça, ce langage haché comme la douleur ». Cette écriture se fait dans l’élan et l’entaille, jusqu’au ressassement : rencontre avec Bernard Vargaftig dont deux livres paraissent.
Un enfant s’élance dans une course, s’incline dans ses enjambées de dératé jusqu’à tomber, à bout de souffle, au bout de la route comme on tombe dans les bras de quelqu’un : c’est véritablement à cette scène que Bernard Vargaftig (né en 1934) compare ses poèmes. Sa parole n’a pas ainsi l’expansion lente de l’écoulement. Elle court, elle est, comme le titre de l’un de ses recueils, une Lumière...