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Le salut aux ombres
Lmda N°250 Joseph Bialot (1923-2012) écrit son récit du camp et de l’impossible deuil du camp. Un grand livre d’Auschwitz. L’ancien résistant Joseph Bialot, né Joseph Bialobroda à Varsovie, a déjà 55 ans à la sortie de son premier polar, et c’est à 78 ans qu’il témoigne d’Auschwitz. Il aura été en panne un quart de siècle, la tête encore dans le camp. Et puis, à quoi bon ? « On ne compte plus les récits sur la déportation. Ils se sont accumulés. En vain. Tout le monde écoute, personne n’entend. » Pourquoi en...
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Domaine étranger Les mains et les choses Un monde de sensations et d’objets légèrement étranges à travers les yeux d’un enfant dont on ne sait pas s’il pense ou s’il rêve. La vue m’utilise pendant des heures pour regarder », peut-on lire et relire pour être bien sûr de comprendre dans un prologue très intrigant. Les 43 courts textes qui suivent (« La petite cuillère », « La fourchette », « L’appui de fenêtre », « La table »…) forment des petites vignettes écrites à la hauteur d’un enfant qui entretient une drôle de relation aux êtres et aux choses. Les destinations ne sont pas toujours là où on les attend,...
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Domaine français France western Sept ans après Les Cosmonautes ne font que passer, Elitza Gueorguieva publie dans la même veine autobiographique burlesque un second roman réussi. On l’avait laissée en Bulgarie, aux confins de l’enfance, et dans les remous de la transition démocratique post-soviétique. On la retrouve en France, où elle a atterri au début des années 2000 pour poursuivre des études et la liberté, et où elle découvre que « La République est une planète curieuse ». La narratrice d’Odyssée des filles de l’est est une petite fille presque devenue grande, qui continue de promener sur le monde son regard à la...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Verre paradis
La libraire du bourg a reçu un exemplaire de l’ouvrage en exclusivité, début août. Elle l’a aimé et consent à le prêter à condition que ce partage demeure confidentiel. Pas un mot sur le livre avant sa sortie officielle : si cette faveur venait aux oreilles de l’éditeur, elle en prendrait pour son matricule (clin d’œil appuyé). Juré. On lira Panorama, le dernier roman de Lilia Hassaine en loucedé. Et craché, on n’en parlera à personne.
Jusqu’à l’an passé, la jeune femme animait une chronique dans l’émission Quotidien sur la chaîne TMC. Sa mission consistait à « décrypter » l’actualité et...
Le Matricule des Anges n°246
un auteur
Magyd Cherfi
Chronique
Traduction
Traduction
Antonio Werli
Horcynus Orca*, de Stefano D’Arrigo
Imagine quelque chose d’aussi vaste et profond qu’un océan et aussi haut et large qu’une montagne. Et imagine encore que la seule chose excitante que tu ressens lorsque tu te retrouves devant cette énormité, c’est que tu veuilles la traverser.
J’ai découvert le nom d’Horcynus Orca il y a une quinzaine d’années par un simple commentaire d’un internaute italien sur un site dont je ne me souviens plus le nom, à une époque où je m’intéressais particulièrement à la littérature italienne contemporaine. Je n’avais jamais entendu parler de ce roman ni de l’auteur, toutefois D’Arrigo était cité...
Le Matricule des Anges n°246
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Domaine étranger Vies et légendes de « Deadwood Dick » Nat Love (1854-1921), ancien esclave, se réinvente par l’écriture en sujet de sa propre histoire. Un puissant récit d’émancipation. Le western est un tissu de mensonges, d’oublis, de gros arrangements avec l’Histoire : le mythe fondateur d’une nation colonisatrice, esclavagiste et génocidaire. De prolos de ranch, portant Colt sur la hanche et Stetson sur la tête, peintres, photographes et plumitifs font très tôt un cirque, comme celui de « Buffalo » Bill Cody l’exterminateur d’Indiens et de bisons, où l’on exhibait de pauvres rescapés des massacres, ensemble hommes et...
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Poésie Hölderlin, un saint de la poésie Il voyait dans la beauté d’un monde hanté par les paysages d’une Grèce idéale, l’effraction sublime du sacré. Entre chant nuptial et souffrance tragique, sa poésie cherche à réconcilier la nuit et la lumière. Lire Hölderlin aujourd’hui n’a rien d’évident. Profitons donc de la reparution d’un choix de Poëmes de Friedrich Hölderlin, dans la version française de Gustave Roud, pour le (re)découvrir et constater combien la manière dont il ordonne son dire, construit son chant et développe, sur un pur mode d’exaltation, une parole souveraine dans sa joie de nommer, mérite le détour. Contemporain de Beethoven et de Bonaparte, Hölderlin, né en Souabe en...
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Histoire littéraire Dissemblables mais complices Si tout semble séparer Maurice Chappaz, le « catholique païen », et Philippe Jaccottet, l’homme du doute à la rigueur protestante, leur correspondance montre qu’ils partageaient la même idée d’une poésie de la présence. Après avoir lu la correspondance (1942-1976) que Jaccottet échangea avec Gustave Roud (Gallimard, 2002, édition établie par José-Flore Tappy) on espérait découvrir celle qu’il échangea avec Chappaz. Un vœu aujourd’hui exaucé grâce à cette même José-Flore Tappy. Elle commence, cette correspondance, suite à une note de lecture élogieuse de Jaccottet à propos de Verdures de la nuit (1945), le deuxième recueil de Chappaz, son compatriote et...
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Théâtre L'invitation à la beauté De l’utérus au sacré, ou comment recréer une mythologie le temps d’un tutoriel beauté dans sa salle de bains, par Héloïse Desrivières. Déesses, je me maquille pour ne pas pleurer est une pièce déroutante, alternant trivialité, intimité féminine, et poésie pour une mise en tension onirique qui percute le lecteur. L’autrice cite, avant même le démarrage de la pièce, une poétesse renommée de langue sumérienne du XXIIIe avant J.-C., Enheduanna, grande prêtresse en Mésopotamie. Elle serait la première écrivaine de l’histoire dont on ait gardé trace. Sa poésie parle...
Égarés, oubliés
par Éric Dussert
« Une sorte de Rimbaud femelle »
Traductrice prolifique de romans policiers, la jeune Evelyne Mahyère, amie de Cioran, se supprima avant de connaître la reconnaissance des lettrés.
L’année 1958 aura été celle du Docteur Jivago du Russe Boris Pasternak dont 300 000 exemplaires sont vendus. Le prix Goncourt quant à lui revient à Francis Walder dont le Saint-Germain ou la négociation reste une sorte d’étrangeté pleine de roueries poussée à l’ombre du Quai d’Orsay – 120 000 exemplaires tout de même. Mais l’un des plus gros tirages de l’année est constitué des 20 000 exemplaires commandés à l’imprimerie Floch par Corrêa de Je jure de m’éblouir, le livre d’une jeune femme, Evelyne Mahyère qui va défrayer la chronique. Les éditions américaines Dutton achètent immédiatement...
Le Matricule des Anges n°244