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Les éructations du colon
Lmda N°252 Mathieu Belezi poursuit son exploration de la matière sombre de la colonisation française en Algérie. Tu vas nous faire un beau discours, Bobby / oui, j’allais le leur faire ce beau discours qu’ils attendaient tous, foutre dieu ! j’allais me le fatiguer le cerveau, me les creuser les méninges, me les chauffer les cordes vocales, me l’actionner la forge à poumons, foutre dieu ! je n’allais pas me gêner ! j’allais la leur raconter notre histoire au président de la République et à ses ministres,...
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Domaine étranger Défaire le temps Roman élastique sur l’enfance et l’oubli, Mon sous-marin jaune de Jón Kalman Stefánsson est un accordéon autobiographique qui s’étire depuis nos jours jusqu’aux années 1970 en Islande. Un jour de l’été 2022, si proche de celui de notre lecture, un narrateur identique à Jón Kalman Stefánsson se retrouve, dans un parc londonien, face à un fantôme de son enfance : Paul McCartney. Et « les vagues du passé » de tomber sur l’écrivain assis et de le ballotter le temps d’un roman entre ce point de départ et les années 1970 en Islande. Le petit garçon a 7 ans lorsqu’il apprend, au détour d’une phrase, que sa mère est morte. Il vit...
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Domaine français Une histoire française Le premier roman de Lolita Sene, un été chez jida, renoue avec ses racines kabyles, une Histoire douloureuse et l’indicible violence faite à une enfant. L’écriture comme un baume. Elle est aujourd’hui vigneronne, produit des vins subtils et joyeux auxquels elle donne parfois un nom venu de l’enfance comme à son cinsault de soif, Couscous. Et peut-être a-t-elle appris en soignant avec de la valériane les vignes blessées par la grêle, qu’on peut appliquer sur les blessures de quoi cicatriser les plaies et renforcer les corps. Un été chez Jida est un roman qui soigne, où les mots viennent de loin, sont posés sur la page...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Drôle d’Œdipe
On attendait l’automne pour savourer le dernier Modiano en sa bruine mais alerte, voici que soudain les sirènes de l’édition retentissent au signal d’une intrusion : un inconnu de 25 ans a vendu en deux mois ses confessions cent mille fois. La presse repère dans ce succès aussi rapide qu’imprévisible les signes d’un véritable phénomène de société. Sans surprise, le Matricule exige une enquête. Patrick attendra.
Mais ça alors quel hasard et que le monde est mince puisque Panayotis Pascot (le phénomène observé) accéda à la notoriété par la même rampe que Lilia Hassaine, commentée dans...
Le Matricule des Anges n°248
un auteur
Martin Rueff
Chronique
Traduction
Traduction
Arnaud Bikard *
Le Chevalier Paris et la Princesse Vienne d’Élia Lévita
Rien ne me destinait a priori à traduire un roman de chevalerie, et sans doute encore moins un roman de chevalerie yiddish. Arthur, Charlemagne, le merveilleux, les inimitiés et alliances des familles seigneuriales n’ont pas exercé de charme particulier sur mon enfance. On a bien dû me dire, avant l’âge adulte, que mes grands-parents maternels connaissaient le yiddish (bien que, ne les ayant jamais entendus parler que le français, il m’est arrivé d’en douter) mais cette langue, associée dans mon imaginaire au judaïsme orthodoxe, à la grisaille polonaise, aux disparus de la Seconde Guerre...
Le Matricule des Anges n°248
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Domaine étranger Terres inexplorées Avec détermination, courage et acuité, le premier roman de Szilvia Molnar nous fait pénétrer les affres de la dépression post-partum et s’inscrit comme un ouvrage incontournable sur le sujet. Avant, j’étais traductrice, à présent, je suis un milk-bar – un bar à lait. » Nous pourrions nous contenter de cette phrase lapidaire et imaginer, à partir de la quatrième de couverture, tout le reste – un livre sur l’entrée fracassante dans la maternité qui, en mettant en lumière les côtés obscurs de l’expérience, ne fait pas l’impasse sur l’incroyable bonheur qu’elle procure. Cependant, aussitôt ouvert, le livre nous interpelle. La...
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Poésie Désenvenimer l'inacceptable À travers sursauts et scissures, dissonances et tâtonnements inquiets, la poésie d’André Frénaud (1907-1993) met en scène l’expérience ontologique. Une anthologie de ses poèmes longs nous donne l’occasion de la(re)découvrir. Moins répandue que celle d’un René Char ou d’un Henri Michaux, la poésie d’André Frénaud, né à Montceau-les-Mines, en 1907, ne se livre pas d’emblée. Pudique et rigoureusement syntaxée, elle est celle d’un grand mâcheur de mots qui fait entendre une vérité d’existence sous la vérité d’écriture. Entré tard en poésie, à 34 ans, retour de captivité, avec Les Rois mages, André Frénaud a une vision tragique de l’homme. Isolé au cœur de...
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Histoire littéraire Une marque allemande De sa dérive urbaine sur fond de prostitution, Emmy Hennings (1885-1948) tire une brûlante quête de soi. Rude et mystique. Au XVIe siècle sur le parvis d’une église espagnole, la prieure Thérèse d’Avila fit scandale en haranguant ses Sœurs aux mots de « Nous sommes les putains du Christ ! ». Elle avait fugué du foyer familial à 7 ans dans l’idée très romanesque de « se faire décapiter par les Maures », une seconde fois à 18 pour rejoindre un carmel mondain et peu cloîtré. Prostituée dans la Prusse de 1911, la jeune Emmy, pionnière du dadaïsme, elle aussi...
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Théâtre Un opéra tout neuf L’œuvre culte de Bertolt Brecht, nouvellement traduite, bénéficie d’un remarquable travail éditorial. L’Arche, la maison d’édition qui veille historiquement sur les œuvres de Bertolt Brecht, poursuit avec constance et intelligence son travail autour des textes du grand dramaturge allemand. Après avoir publié en romans graphiques Histoires de monsieur Keuner et La Résistible Ascension d’Arturo Ui, elle entreprend cette fois de nous faire redécouvrir son œuvre la plus célèbre, L’opéra de quat’sous à travers une très belle édition critique. En...
Égarés, oubliés
par Éric Dussert
Le partageur
Précurseur de l’économie collaborative, Jacques Duboin a eu recours au roman pour expliquer qu’il est imbécile de produire de la misère dans un monde d’abondance.
Tandis que se prépare une belle connerie en matière de Code du travail, il paraît bon de signaler respectueusement à nos édiles qu’ils accumulent quelques décennies de retard en matière de pensée économique. Dans les années 30, Jacques Duboin, député et militant, élaborait ce qui s’apparente à l’économie collaborative telle qu’elle tente toujours d’émerger. Empruntant à Montaigne le principe des Lettres persanes, Duboin avait imaginé l’arrivée dans l’Hexagone de Kou, un Mandchou, fils de l’Empire céleste, que l’observation du fonctionnement de la société française conduit à...
Le Matricule des Anges n°172