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Affolantes Ophélies
Lmda N°252 Un drame ancien, l’omerta au village, des phénomènes surnaturels dans un Ehpad : une enquête rêveuse et réparatrice. La quatrième de couverture n’a pas tort d’évoquer Simenon pour cette enquête qui se lit comme un roman. Un village de 700 âmes, une maison de retraite où des phénomènes inexpliqués se produisent, et un silence bruissant de rumeurs au sujet d’un drame survenu en 1978, quand deux fillettes, des sœurs, se noient dans un étang. On est tout près de la Marne, beau nom pour « la plus longue...
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Domaine étranger Des mythes à la lettre Dans un roman sombre, cruel, à l’humour acide, Kristian Novak dénude une enfance chaotique à l’aube de la balkanisation de la Yougoslavie. Qui n’a jamais souhaité la disparition de quelqu’un ? C’est même un comportement normal, œdipien quand il s’agit du père pour un garçon. De là à ce que Matija en assume la disparition et celle de tous les suicides étranges qui frappent le roman ? Pourquoi tant de fadaises débitées aux enfants ? Devrait-on leur dire la vérité ? Que la vie, si belle soit-elle, a bien une date de péremption et que la mort ne s’explique pas, reste un...
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Domaine français Le salut aux ombres Joseph Bialot (1923-2012) écrit son récit du camp et de l’impossible deuil du camp. Un grand livre d’Auschwitz. L’ancien résistant Joseph Bialot, né Joseph Bialobroda à Varsovie, a déjà 55 ans à la sortie de son premier polar, et c’est à 78 ans qu’il témoigne d’Auschwitz. Il aura été en panne un quart de siècle, la tête encore dans le camp. Et puis, à quoi bon ? « On ne compte plus les récits sur la déportation. Ils se sont accumulés. En vain. Tout le monde écoute, personne n’entend. » Pourquoi en rajouter si « Auschwitz ne peut pas être “mis en...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Drôle d’Œdipe
On attendait l’automne pour savourer le dernier Modiano en sa bruine mais alerte, voici que soudain les sirènes de l’édition retentissent au signal d’une intrusion : un inconnu de 25 ans a vendu en deux mois ses confessions cent mille fois. La presse repère dans ce succès aussi rapide qu’imprévisible les signes d’un véritable phénomène de société. Sans surprise, le Matricule exige une enquête. Patrick attendra.
Mais ça alors quel hasard et que le monde est mince puisque Panayotis Pascot (le phénomène observé) accéda à la notoriété par la même rampe que Lilia Hassaine, commentée dans...
Le Matricule des Anges n°248
un auteur
Martin Rueff
Chronique
Traduction
Traduction
Anatole Pons-Reumaux*
Les Fils de Shifty, de Chris Offutt
Sept mille kilomètres séparent la province de Coni du comté de Rowan. Pourtant, les langhe italiennes et les Appalaches du Kentucky partagent une langue commune : le silence. De Cesare Pavese à Chris Offutt, la littérature des collines, à l’abri de la rumeur du monde, a peut-être ceci d’universel qu’elle s’écrit dans une grammaire concise à l’extrême, rétive au mot de trop. Chez les « gens des collines » – titre du premier opus de la saga Mick Hardin dont Les Fils de Shifty est la suite – on converse de préférence en se passant de mots. Mick, militaire au repos dans son pays natal, ne...
Le Matricule des Anges n°249
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Domaine étranger Les dépossédés d'Élias Khoury Dans un puissant roman d’apprentissage, l’écrivain libanais explore ce paradoxe douloureux : être exilé dans son propre pays. Nous ne connaissons que quelques bribes des histoires racontées, chaque histoire porte en elle des secrets et comporte de multiples facettes et, malgré de nombreuses tentatives, les romanciers demeurent incapables de la raconter de manière exhaustive ». Nul doute qu’Élias Khoury partage ce diagnostic, qu’il attribue à son narrateur, mais ce n’est pas là un constat d’échec, plutôt un défi à relever. Il lui faut donc près de 400 pages pour...
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Poésie Chemins d'inconnaissance Entre songe et audace, souvenirs et solitude, une voix se cherche et s’égare. Au plus près de la terre et de l’élémentaire. En poésie, ressentir cet émoi un peu désorientant qui signe l’éclosion d’une voix nouvelle, est rare. C’est pourtant ce qui se passe à la lecture du premier recueil d’Emmanuelle Grandjean, Les Terres sans sommeil, un titre dont le halo de songes et de sortilèges annonce de l’âpre et de l’indompté en même temps qu’il parle au corps sauvage. Articulé en cinq parties – Les brumes, les combes ; Les corps, les plaines ; Les amers, les landes ;...
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Poches La grande manœuvre à lunettes La philosophe Simone Weil témoigne de l’usine : sa violence, ses douleurs et ses joies. Un « mystère », et un grand livre. En décembre 1934, la jeune agrégée de philo Simone Weil se fait embaucher dans une usine comme « manœuvre sur la machine ». Pour comprendre et partager les « souffrances des ouvriers ». Dans une lettre d’avril 1935 que cite dans sa préface Thomas Dommange, elle note : « Cette expérience, qui correspond par bien des côtés à ce que j’en attendais, en diffère quand même par un abîme : c’est la réalité, non plus l’imagination ». Elle...
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Théâtre Les complots, c'est un complot ? Avec Ravissement, étonnant thriller-documentaire, Lucy Kirkwood décrit les mécanismes qui mènent au conspirationnisme. Avant même que Ravissement commence, des « Notes sur la production » nous indiquent que « La pièce doit être promue sous une identité différente. Par exemple : Rapt de Lucie Boisdamour. » Nous trouvons également dans la liste des personnages, l’autrice elle-même, « Lucy Kirkwood », mais également « la vraie Lucy Kirkwood (LK2) ». L’autrice cherche visiblement à brouiller les pistes, entre le vrai et le faux. Puis la pièce débute avec un...
Intemporels
par Didier Garcia
L’odeur de la musique
Dans Corps et âme, l’Américain Franck Conroy (1936-2005) présente l’itinéraire d’un prodige du piano. Un roman à écouter autant qu’à lire.
Alors qu’il n’est encore qu’un enfant de 6 ans, Claude Rawlings est laissé seul toute la journée par une mère chauffeuse de taxi dans le New York de l’immédiat après-guerre (une mère qui était danseuse de music-hall quand elle s’est retrouvée enceinte de lui, sans bien savoir qui pouvait être son père). Pour tromper l’ennui et peupler le silence, le jeune garçon joue sur « un petit piano console blanc, avec soixante-six touches » qui traîne dans l’appartement, et dont le son lui semble « l’envelopper d’une sorte de grande cape protectrice, l’enclore dans une bulle d’énergie invisible »....
Le Matricule des Anges n°235