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Coïto ergo cogito
Lmda N°252 À présent mariés, les Sex Detectives affichent une sérieuse « dézinzinvolture ». Léger mais profond. Elle c’est Dougheurl et lui Duboï (des surnoms datant de leurs années de lycée), les « Sex Detectives » : le sous-titre de ce deuxième roman de « Noa Ymar Lions », là aussi un pseudo et qui sent fort son anagramme, reprend le titre du premier (P.O.L, 2023) qui mettait en scène ce duo d’associés dessinés à la va-vite, on s’en suffit. « Elle, Dougheurl : grande, bien faite, sexy. Lui, Duboï :...
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Domaine étranger Les dépossédés d'Élias Khoury Dans un puissant roman d’apprentissage, l’écrivain libanais explore ce paradoxe douloureux : être exilé dans son propre pays. Nous ne connaissons que quelques bribes des histoires racontées, chaque histoire porte en elle des secrets et comporte de multiples facettes et, malgré de nombreuses tentatives, les romanciers demeurent incapables de la raconter de manière exhaustive ». Nul doute qu’Élias Khoury partage ce diagnostic, qu’il attribue à son narrateur, mais ce n’est pas là un constat d’échec, plutôt un défi à relever. Il lui faut donc près de 400 pages pour...
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Domaine français Une histoire française Le premier roman de Lolita Sene, un été chez jida, renoue avec ses racines kabyles, une Histoire douloureuse et l’indicible violence faite à une enfant. L’écriture comme un baume. Elle est aujourd’hui vigneronne, produit des vins subtils et joyeux auxquels elle donne parfois un nom venu de l’enfance comme à son cinsault de soif, Couscous. Et peut-être a-t-elle appris en soignant avec de la valériane les vignes blessées par la grêle, qu’on peut appliquer sur les blessures de quoi cicatriser les plaies et renforcer les corps. Un été chez Jida est un roman qui soigne, où les mots viennent de loin, sont posés sur la page...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Verre paradis
La libraire du bourg a reçu un exemplaire de l’ouvrage en exclusivité, début août. Elle l’a aimé et consent à le prêter à condition que ce partage demeure confidentiel. Pas un mot sur le livre avant sa sortie officielle : si cette faveur venait aux oreilles de l’éditeur, elle en prendrait pour son matricule (clin d’œil appuyé). Juré. On lira Panorama, le dernier roman de Lilia Hassaine en loucedé. Et craché, on n’en parlera à personne.
Jusqu’à l’an passé, la jeune femme animait une chronique dans l’émission Quotidien sur la chaîne TMC. Sa mission consistait à « décrypter » l’actualité et...
Le Matricule des Anges n°246
un auteur
Martin Rueff
Chronique
Traduction
Traduction
Anatole Pons-Reumaux*
Les Fils de Shifty, de Chris Offutt
Sept mille kilomètres séparent la province de Coni du comté de Rowan. Pourtant, les langhe italiennes et les Appalaches du Kentucky partagent une langue commune : le silence. De Cesare Pavese à Chris Offutt, la littérature des collines, à l’abri de la rumeur du monde, a peut-être ceci d’universel qu’elle s’écrit dans une grammaire concise à l’extrême, rétive au mot de trop. Chez les « gens des collines » – titre du premier opus de la saga Mick Hardin dont Les Fils de Shifty est la suite – on converse de préférence en se passant de mots. Mick, militaire au repos dans son pays natal, ne...
Le Matricule des Anges n°249
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Domaine étranger Des mythes à la lettre Dans un roman sombre, cruel, à l’humour acide, Kristian Novak dénude une enfance chaotique à l’aube de la balkanisation de la Yougoslavie. Qui n’a jamais souhaité la disparition de quelqu’un ? C’est même un comportement normal, œdipien quand il s’agit du père pour un garçon. De là à ce que Matija en assume la disparition et celle de tous les suicides étranges qui frappent le roman ? Pourquoi tant de fadaises débitées aux enfants ? Devrait-on leur dire la vérité ? Que la vie, si belle soit-elle, a bien une date de péremption et que la mort ne s’explique pas, reste un...
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Poésie Chemins d'inconnaissance Entre songe et audace, souvenirs et solitude, une voix se cherche et s’égare. Au plus près de la terre et de l’élémentaire. En poésie, ressentir cet émoi un peu désorientant qui signe l’éclosion d’une voix nouvelle, est rare. C’est pourtant ce qui se passe à la lecture du premier recueil d’Emmanuelle Grandjean, Les Terres sans sommeil, un titre dont le halo de songes et de sortilèges annonce de l’âpre et de l’indompté en même temps qu’il parle au corps sauvage. Articulé en cinq parties – Les brumes, les combes ; Les corps, les plaines ; Les amers, les landes ;...
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Poches Les replis de l'exil Le philosophe Günther Anders éclaire en un court essai écrit en 1962 ce que l’émigration veut dire. Cet essai commence par une impossibilité de dire. À un interlocuteur, imaginaire ou non, qui lui demande de « raconter sa vie », Günther Anders, né en 1902, répond : « Je ne puis me souvenir. Les émigrés en sont incapables. » Et de préciser plus loin que sa vie, comme celle d’autres qui ont dû fuir l’Allemagne nazie puis l’Europe, est justement « irrésistiblement disloquée en plusieurs vies distinctes » oublieuses les unes des autres....
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Théâtre Un opéra tout neuf L’œuvre culte de Bertolt Brecht, nouvellement traduite, bénéficie d’un remarquable travail éditorial. L’Arche, la maison d’édition qui veille historiquement sur les œuvres de Bertolt Brecht, poursuit avec constance et intelligence son travail autour des textes du grand dramaturge allemand. Après avoir publié en romans graphiques Histoires de monsieur Keuner et La Résistible Ascension d’Arturo Ui, elle entreprend cette fois de nous faire redécouvrir son œuvre la plus célèbre, L’opéra de quat’sous à travers une très belle édition critique. En...
Égarés, oubliés
par Éric Dussert
L’harmonie du dessin
Ex-missionnaire protestante, Marthe Arnaud raconte son expérience dans un livre délicat mais vrai. La colonisation en mauvaise passe.
Sans que l’on sache bien depuis quand, pourquoi et comment, Marthe Arnaud était une amie de Samuel Beckett. On suppose que cela date d’une époque où l’auteur de Molloy fréquentait le XIVe arrondissement de Paris. Du moins, cela se répète d’essai sur Beckett en essai sur Beckett. Mais on ne peut guère en être sûr puisque, le personnage de Marthe paraissant secondaire, on ne lui a pas accordé d’entrée dans la biographie de Beckett. On trouve cependant une légère trace d’elle dans sa correspondance. Marthe n’était cependant pas n’importe qui : elle était la compagne de Bram van Velde...
Le Matricule des Anges n°221