La rédaction Richard Blin
Articles
Les épices d'âme d'un désabusé
Il faisait de la lucidité une jouvence et professait un pessimisme radical. Les lettres de Cioran dressent, entre masque et miroir, son portrait intime.
À en croire Cioran, né en 1911, en Transylvanie roumaine, et mort à Paris en 1995, « les livres sont des accidents ; les lettres, des événements ». Il l’écrit dans Manie épistolaire, un texte de 1984, donné en ouverture du livre qui, sous ce même titre, regroupe 160 de ses lettres, écrites entre ses 19 ans et ses 79 ans, et adressées à ses amis, à sa famille, à ses pairs – Mircea Eliade, Jean Paulhan, Ernst Jünger, Samuel Beckett, Armel Guerne, Roland Jaccard, Clément Rosset… S’il fait de la lettre, cette « conversation avec un absent », un événement, c’est qu’elle illumine la solitude et...
Chemins d’inconnaissance
Entre songe et audace, souvenirs et solitude, une voix se cherche et s’égare. Au plus près de la terre et de l’élémentaire.
En poésie, ressentir cet émoi un peu désorientant qui signe l’éclosion d’une voix nouvelle, est rare. C’est pourtant ce qui se passe à la lecture du premier recueil d’Emmanuelle Grandjean, Les Terres sans sommeil, un titre dont le halo de songes et de sortilèges annonce de l’âpre et de l’indompté en même temps qu’il parle au corps sauvage.
Articulé en cinq parties – Les brumes, les combes ;...
Des livres
Retour à la parole sauvage
de
Monchoachi
Streitti (Lémistè 4)
de
Monchoachi
Une parole qui fait corps avec l’invisible
Quand il n’explore pas la matérialité d’Une parole sauvage, Monchoachi hisse jusqu’à la joie du contre-chant une poésie qui célèbre l’éclat, le mystère et l’épiphanie d’une présence qui rend sensible l’insaisissable.
Souple, orageuse, ondoyante, magnifiquement sonore, elle danse avec le monde la parole que déploie Monchoachi, pseudonyme d’un poète martiniquais qui, dans le sillage de Césaire et Saint-John Perse, donne à lire et à entendre l’une des voix les plus originales de la Caraïbe. Portée par une langue elliptique et mêlée, elle réveille les sens, subvertit les apparences, fait descendre les...
Ces âmes qu’on arrache avec la peau
Portrait épistolaire de quinze femmes poètes de divers continents, Premières à éclairer la nuit remet l’individualité au cœur de la scène littéraire et montre comment la poésie peut naître des épreuves et des blessures.
Des intransigeantes, des entêtées, des indomptables, elles sont quinze qui ont voulu vivre à l’envers des conventions, quinze poétesses pour qui l’écriture aura été l’existence même, quinze femmes avec lesquelles Cécile A. Holdban, en poète qu’elle est, entretient un rapport de compagnonnage et d’intimité par-delà le temps et l’espace, et à qui elle rend corps, voix, présence et hommage. Des...
Le William Blake des plages
De la mer comme « temps liquide » aux nouvelles Amériques promises par l’espace galactique, où est la frontière entre image et réalité ? Jacques Darras, chevauchant vers et prose, s’est lancé à sa recherche.
Porté par une respiration d’espaces et de siècles, un mouvement d’expansion anime le nouveau livre de Jacques Darras. Divisé en deux parties, « La mer en hiver sur les côtes de la Manche » écrite en vers libres, et « L’imagination et le pur vertige d’exister », en prose, il traite de la vie à travers notre relation à l’espace-temps et aux images de la « réalité ».
Tout commence avec la mer,...